Le département prévoit d’augmenter les impôts en 2011.

impôtsC’est une hausse d »impôt malheureusement prévisible car nos responsables politiques semblent portés par des réflexes pavloviens quand il s’agit de construire un budget. A la problématique du manque de ressources, la réponse est instinctivement d’augmenter les impôts. Et non pas pour une fois (et en temps de crise majeure cela aurait beaucoup de sens) d’arbitrer, de supprimer ou de différer certaines dépenses.

10 ans d’augmentation continue.

En 2011, le conseil général ne pourra voter que le taux de la taxe foncière, la proposition de passer de 8,53% en 2010 à 12,77%  intègre le transfert  du taux de la région (2,66%) vers le département. Nous avons donc une augmentation forte mais réellement de 1,68%. Ce transfert s’opèrera de la même manière pour la taxe d’habitation, du département vers les communes, vigilance donc ! Attention et inquiétude car sous couvert de transfert des taux entre collectivités, de hausse de dépenses sociales, la pratique reste la même, on continue d’augmenter les impôts. Depuis 2000, les taux progressent chaque année (source DGFP).

Oui les budgets départementaux sont pris en ciseaux entre les dotations (souvent faibles)  gelées de l’Etat et des compétences sociales transférées qui ne cessent d’augmenter avec la crise mais est-ce une raison pour utiliser les mêmes méthodes qu’avant ? Nos élus vivent-ils dans un monde parallèle ?  Je me pose la question car leurs inconséquences sont criantes :

  • Ont-ils conscience des impacts sur le pouvoir d’achat des ménages, des classes moyennes imposables ?
  • Se souviennent-ils que le contribuable des communes, des communautés de communes, du département, de la région et de l’Etat est le même ménage et qu’il n’a pas un revenu par strate administrative et que tout est lié ?
  • Ne sont-ils pas en contradictions flagrantes quand ils reprochent  ( à juste titre) à l’Etat de ne pas honorer ses dotations financières pour les délégations de service publiques transférées et quand même temps ils signent un accord de financement (sous DSP) de plus pour le nouvel aéroport de Notre Dames des Landes ?

N’y a-t-il pas là une véritable source d’économie, plus de 23 millions € pour le conseil général ?

Voici les arguments du conseil général pour ce projet :

Répondre à l’importante augmentation du trafic aérien, apporter de réelles réponses aux questions d’accessibilité et d’attractivité du Grand Ouest, mettre fin aux nuisances et aux risques liés au survol à basse altitude de zones urbaines densément peuplées : tels sont les enjeux du transfert de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, que l’assemblée départementale a soutenu ce lundi 18 octobre.

  1. Trafic aérien : Nantes Atlantique n’est pas saturé, il suffit de le fréquenter, 1/3 du trafic passager pourrait s’opérer par LGV (Roissy et Lyon), nos élus connaissent-ils les écarts de prix pour une entreprise entre du fret train ou cargo et aérien ?
  2. Accessibilité et attractivité du Grand Ouest : Il faut maintenant que les porteurs du projet diffusent l’étude de marché qui annonce que de grandes compagnie aériennes internationales veulent s’implanter à Nantes en plus de Roissy et ouvrir plusieurs vols hebdomadaires, que des millions de passagers de Singapour, Sydney, Londres, Tokyo, Dubaï, Los Angeles, Melbourne, Auckland, Toronto, Bangkok, Rio veulent acheter des billets d’avion pour un tour dans le grand ouest dans des A 380. Allez y, nous sommes prêts à étudier votre implacable étude de marché, diffusez. Cet argument d’attractivité par la taille me fait toujours rire, c’est un peu comme si on annonçait la construction d’un grand stade de 70000 places à Nantes pour faire venir plus de supporters et prévoir que le FCNA serait champion d’Europe en 2020. NDDL est un investissement qui repose seulement sur des intentions…et pas forcément les meilleures pour nos finances, notre économie et notre environnement.

On peut demander aux ménages de faire des efforts financiers, des sacrifices parce que la période est dure mais il faut qu’en contrepartie, les décisions soient justes et cohérentes, et ce n’est malheureusement pas le cas actuellement.

Philippe FINTONI

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L’emploi, la solution à tous nos maux.

chinaexportationJ’hésitais avec avec un autre titre : l’emploi, ce grand absent des manifestations. Car depuis quelques semaines,  on semble oublier que la baisse du chômage est un des éléments de réponse à la pérennité de notre système de retraite. Oui, l’emploi est la solution à tous les maux mais il n’y a pas beaucoup de résultats jusqu’ici, et les conséquences tous les jours plus visibles : le chômage, les situations « précaires », la dette sociale, les faiblesses actuelles d’insertions, d’intégrations, de mixité sociales, la remise en cause des droits fondamentaux…Alors pourquoi si peu de résultats même avant la grande crise systémique  actuelle ? Parce que le problème n’est pas traité à sa racine dans une économie néo-libérale globalisée.  Hasard de la vie, la veille de la disparition de Maurice Allais, le cercle des économistes citoyens publiait un extrait de son ouvrage « La mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance ».

Le Modem veut ré industrialiser le pays.

Le Mouvement Démocrate propose de ré industrialiser le pays, cet objectif après celui de l’éducation fut réaffirmer en clôture de l’université de rentrée en septembre :

[…nous aurons à reconquérir la production et, chaque fois qu’elle est partie, aussi difficile que cela soit, la re-localiser en France.] [ Nous devons reconquérir la production. Pendant longtemps, la mode était de considérer que tout cela, les activités primaires, l’agriculture, le secondaire, l’industrie était passé de mode, mais nous ne pouvons pas continuer à nous bercer de ces illusions, car tout le monde dit : il faut parler de l’emploi.
La vérité, c’est que, s’il n’y a pas de production, il n’y a pas d’emploi. Il faut donc parler de la production en même temps ou avant de parler de l’emploi. Cela signifie deux choses. Premièrement, concernant les PME qui sont les vrais créateurs d’emplois et qui sont le vrai essaimage sur tous les sujets d’où nous avons été exclus ou que nous avons déserté ou que nous avons perdu, je veux redire devant vous que je ne comprends pas comment un pays qui sait fabriquer des satellites, des fusées, des avions, des hélicoptères, des moteurs d’hélicoptère -dans ma circonscription où nous avons été honorés par les plus grandes autorités de l’État- un sur deux des moteurs vendus dans le monde est fabriqué par nous… Comment ne sommes-nous pas capables de fabriquer une machine à laver ?!… En effet, la technologie de ces instruments ménagers ne me paraît pas beaucoup plus compliquée que celle d’une turbine d’hélicoptère !
Concernant les PME et la reconquête, je crois qu’il existe, ce n’est pas facile, cela ne se décrète pas, une stratégie fondée sur le repérage de gens qui ont la capacité, qui ont la technologie, qui ont le savoir-faire, que nous pourrions d’une manière ou d’une autre intéresser à des développements en France.

Le juste échange du PS pour enrayer la désindustrialisation.

Dans le même temps, le Parti Socialiste signe la nouvelle donne  internationale et européenne dans lequel il propose en partie 2, après un multi-latéralisme rénové en partie 1 :

[Une mondialisation au bénéfice de la planète : du libre-échange au juste échange ; du libéralisme prédateur au développement solidaire.] [Si nous ne croyons pas au libre-échange intégral, nous ne croyons pas non plus à la réponse protectionniste.][ Le juste échange, c’est celui qui intègrera dans les traités commerciaux internationaux des normes non-marchandes, sanitaires, environnementales, sociales et culturelles afin de protéger le consommateur autant que le producteur. Le juste échange ménagera des phases de transition suffisantes, au Nord comme dans les pays du Sud, pour permettre les adaptations nécessaires des systèmes productifs et des emplois induites par l’ouverture à la concurrence et enrayer, dans nos pays, le processus de désindustrialisation.]

Je partage l’analyse de Laurent Pinsolle sur le manque de lucidité du PS et sa préférence pour les sans papiers, plutôt que pour les ouvriers. Le juste échange permettrait donc d’enrayer le processus de désindustrialisation, seulement , et dans quelles proportions ? Pas de réponse.  C’est  rassurant pour les salariés de l’industrie, en revanche pas plus de travail pour les chômeurs ? Ce qui est parti, il faut  l’oublier ! Ils auront droits à de la solidarité nationale sous formes de prestations d’assistances. Des pansements à la place du traitement.

Il semble difficile pour le PS de hiérarchiser les dossiers, d’établir des priorités et de donner une vision novatrice de l’économie dans un système globalisé, j’avais déjà abordé ce point, les socialistes préfèrent s’occuper de la diversité qui permet d’occulter la volonté d’égalité des droits et de réduction des inégalités, ici la diversité mondiale préférée au droit de travailler et à la réduction des inégalités en créant des emplois. Nous avons peut-être aussi dans ce texte la prédominance de deux grands socialistes à la tête de deux entités de la mondialisation, Dominique Srauss Kahn patron du FMI et Pascal Lamy directeur général de l’OMC.

En outre, les socialistes demandent comme les ultra-libéraux de poursuivre les « adaptations nécessaires des systèmes productifs et des emplois induites par l’ouverture à la concurrence ». Comment leurs dire que les salariés du privé ont depuis longtemps compris que les adaptations, la flexibilité du marché du travail, sont causes de stress et de malaises ; comment leurs faire comprendre que les adaptations à la concurrence seraient sans fin car cette concurrence là est malsaine, elle est déloyale, totalement faussée (par des dumping économiques, sociaux et environnementaux) et face à plusieurs milliards de travailleurs (très)pauvres (et plus à l’est qu’au sud), nous salariés européens,  n’avons pas envies de les rejoindre et de rester dans un système qui tous les ans devient plus anxiogène et difficile ? Si l’on ne change pas, l’ajustement structurel a de beaux jours devant lui…car les entreprises globales pensent le salaire uniquement comme un coût et ainsi l’offre salariale mondiale la plus basse sert toujours de référence ; c’est un système régressif.

Allons continuer de résister aux leçons du réel, comme le dit Jean Claude Guillebaud et attendre que l’économie néo-libérale se régule seule comme s’est régulé le système financier ? Nous voyons bien les échecs du G20, du FMI face à la guerre monétaire actuelle, du sommet de Copenhague et la recherche du plus grand profit le plus vite possible reste la règle économique mondiale.

Un protectionnisme européen.

Pour ma part, je suis convaincu depuis de début par les analyses et la recommandation d’un protectionnisme européen qu’Emmanuel Todd avait présenté lors des conventions sur l’Europe du Mouvement Démocrate et qu’il exprime dans « Après le Démocratie ». Je regrette toujours que nous n’ayons pas retenus ses propositions lors des élections européennes. Certainement encore trop dans la pensée économique prédominante. Car pour ré industrialiser le pays, il faut relancer la demande intérieure par plus d’emplois, une meilleure redistribution de la valeur  ajouté (une augmentation régulière des salaires)  donc par une préférence locale si le terme protectionnisme fait peur.

Je cite quelques lignes extraites de ce livre :

[…la compression des salaires induite par la globalisation économique et financière, par le libre échange, les [ouvriers] a placés dans une position absolument défensive. Leur objectif, leur espoir plutôt, n’est pas d’accroitre leurs gains, mais de sauver leur emploi.] [Les conséquences actuelles du libre-échange sont connues et mesurables. Conformément à la théorie…les inégalités augmentent. Court circuitant la sophistication du théorème de Heskscher-Ohlin *, disons simplement que l’unification des marché du travail et du capital aboutit à introduire dans chaque pays le niveau d’inégalité qui sévit à l’échelle mondiale.] […la pression destructrice du libre échange exerce ses effets, progressivement mais méthodiquement, en remontant du bas vers le haut de la structure sociale.] […la caractéristique fondamentale de la mentalité économique actuelle est d’avoir atteint le stade de l’épure absolue, d’une sécheresse revendiquée : une véritable éthique de la non redistribution. L’économie doctrinaire néolibérale exige que l’on élimine toute forme d’assistance, que l’on réduise l’homme à sa valeur sur le marché à l’instant « t ».]

Voulons nous arriver à un système encore plus générateur d’inégalités, le dépérissement des classes moyennes et en grande masse,  des consommateurs-chômeurs européens et des travailleurs-pauvres asiatiques ? Il me semble inéluctables d’entrer dans une période transitoire de protectionnisme pour que chaque continent rééquilibre ses économies locales et organise une régulation saine de la concurrence. Sur l’emploi, il ne faut pas faiblir, il faut agir et lancer la contre offensive de ré industrialisation pour préserver nos systèmes sociaux et poursuivre les efforts de protection de notre environnement.

Je redonnerai dans un prochain billet les 11 points clés du modèle de dé-mondialisation,

Philippe FINTONI

* loi de Heskscher-Ohlin qui associe les proportions relatives des facteurs travail et capital à la spécialisation d’une nation dans le commerce international. Voir aussi la loi de Ricardo sur les avantages comparatifs qui nous dit que chaque pays devrait se spécialiser dans la production des biens pour laquelle il est relativement le plus doué, loi qui est cassée par le modèle chinois (un billet à faire sur les conséquences des transferts de technologies dans un pays totalitaire ayant un milliard d’ouvriers peu rémunérés). Je trouve aussi que les fameux « clusters » vantés par beaucoup se rapprochent de la loi de Ricardo à une échelle locale, donc risqué à long terme pour l’équilibre économique des collectivités.

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Aéroport, s’opposer et proposer.

aeroport-non –  Le Mouvement Démocrate s’associe à l’ensemble des organisations qui lancent un appel à une mobilisation le lundi 18 octobre 2010, jour du vote sur les délibérations relatives au financement de l’aéroport de Notre Dame Des Landes. En effet, un débat doit avoir lieu dans les différentes assemblées des  collectivités parties prenantes du projet : Nantes Métropole, Conseil Général 44 et Conseil Régional Pays de la Loire.

Le RDV fixé par la coordination est prévu à 9h00 devant le Conseil général puis répartition à Nantes Métropole et au Conseil Général

  • à 11H30 devant le Conseil général, conférence de presse des élu(e)s du CéDPA.
  • Pique nique d’anniversaire (2 ans) de l’opération Citoyens Vigilants devant le Conseil général
  • 14H00 : Répartition au Conseil Régional et éventuellement à Nantes Métropole si le vote n’a pas eu lieu le matin

Nous remercions d’avance tous ceux et celles qui pourront à un moment de la journée se joindre à cette mobilisation pour démontrer que les citoyens ne se résignent pas face à un projet dont la pertinence reste toujours à démontrer.

– Dans le même temps de l’opposition à ce transfert d’aéroport, nous proposons toujours d’optimiser la structure actuelle de Nantes Atlantique à travers le projet du consultant transport ESG Infra.

Le responsable de ce groupe de support à l’économie a envoyé une lettre ouverte à Yannick Jadot député d’Europe Ecologie, en voici un extrait :

Les LGV auxquelles s’oppose bien volontiers Europe Ecologie ne sont certes pas exemptes de critiques sur le plan économique ou environnemental, loin de là, mais dans la pratique, elles sont un moindre mal au regard de l’aérien ou de la voiture individuelle. Leur développement, comme celui de tout mode de transport en commun, doit s’accompagner d’un profond changement de nos habitudes et demande certes des efforts individuels.
Il est bien regrettable qu’Europe Ecologie, tout en clamant très fort un « NON à Notre Dame des Landes », fasse barrage aux LGV alors que, pour en avoir étudié l’impact, cette solution appliquée sur Nantes, laminerait le trafic aérien et enterrerait sans grande difficulté le projet auquel votre parti se dit opposé !
En maintenant sa position d’opposant chronique à ce mode de transport performant tout à fait capable de contrer un projet inutile, Europe Ecologie devrait se demander s’il ne facilite pas ainsi largement la tâche aux intérêts sectoriels et élus politiques porteurs du projet pour un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes.

En politique, il convient d’agir avec cohérence et en ce qui concerne la protection de notre environnement de vie, de promouvoir une politique écologique basée sur des solutions positives au lieu d’une écologie de punitions et de contraintes.

Philippe FINTONI

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Alain Guillon conseille François Bayrou.

alain-guillonLe maire de St-Michel-Chef-Chef dans le shadow cabinet du MoDem, tel est le titre de Presse Océan du mardi 12 octobre. Je suis très heureux que le maire d’une commune limitrophe soit ainsi reconnu.

Alain Guillon conseille Bayrou.Le président départemental du MoDem apportera à François Bayrou son expertise sur le littoral.

Alain Guillon, maire de Saint-Michel-Chef-Chef et président du MoDem de Loire-Atlantique, va intégrer le shadow cabinet de François Bayrou. L’intéressé ne souhaite pas faire de commentaire en attendant l’officialisation de sa nomination. « Il y figure en tant que maire conseiller littoral » précise Patricia Gallerneau, porte-parole départementale du mouvement. Dévoilé au lendemain de l’Université d’été de Giens par François Bayrou, ce cabinet fantôme n’est pas vraiment une nouveauté. « C’est pour faire taire ceux qui disent que F. Bayrou est tout seul. Depuis le début il est entouré de conseillers et il a décidé de les mettre en pleine lumière ». Avec comme objectif avoué l’élection présidentielle de 2012 et comme moyen ce que d’aucuns ont appelé un recentrage. Patricia Gallerneau le réfute : « Le MoDem est fidèle à sa ligne de 2007. Il reste un refuge pour ceux qui ne veulent pas voter à droite et ceux qui ne veulent pas voter à gauche. M. Bayrou n’est pas une girouette, n’en déplaise à certains qui ont fui comme des jeunes filles effarouchées par peur que le mouvement ne vire à gauche ».

En attendant, le MoDem 44 compte ses troupes : il annonce aujourd’hui près de 800 adhérents, contre 1300 en 2007. Et prépare les cantonales de mars 2011.

« Nous sommes très sollicités, notamment par des décus d’Europe Ecologie et le Nouveau Centre. Mais nous ne travaillerons qu’avec des gens indépendants du pouvoir en place. Nous ne serons pas présents partout. Nous ferons du cas par cas ».

Dominique Bloyet – Presse Océan 12 octobre 2010

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Le courage de la vérité.

photo François Bayrou.Vendredi 24 septembre. Travaux. 12 Regarder la situation du pays en face, dire la vérité et choisir de dépasser le clivage UMP-PS pour offrir un autre projet, ce sont là certainement, les points qui m’ont fait revenir en politique. Trois ans plus tard, c’est toujours d’actualité et continuer de dire la vérité en politique, davantage qu’hier, c’est un acte de courage. Sur le dossier des retraites, l’hérétique s’étonne du silence des socialistes face aux propos de François Bayrou sur Europe 1 :

 » Les manifestants croient que le PS est avec eux, en fait il prépare une réforme des retraites encore plus dure »

Il me semble (en toute modestie) que cette vertu  » du courage de dire la vérité  » ( surtout en politique, car qui prend le risque aujourd’hui de dire la vérité est de mettre ses actes en conformités ?) est ancrée au Modem. Ce thème du courage est abordé dans l’excellent essai de Cynthia Fleury, La fin du courage – Fayard. Voici un extrait de la quatrième de couverture et quelques passages notables.

Dans cet essai enlevé, Cynthia Fleury rappelle qu’il n’y a pas de courage en politique sans courage moral et montre avec brio comment la philosophie permet de fonder une théorie du courage qui articule l’individuel et le collectif. Car si l’homme courageux est toujours solitaire, l’éthique collective du courage est seule durable.

[Revendiquer le courage politique indépendamment du courage moral est peine perdue, l’un alimente l’autre, aussi surement que le second vient rasséréner le premier.] [ La fin du courage politique ou moral signe l’émergence du ça pulsionnel, infantile, non distancié d’avec soi-même et producteur des barbaries les plus triviales et assourdissantes.]

[…le dire vrai parrèsiastique n’affronte pas le mensonge politique ou public – ce qui serait, somme toute, relativement aisé – mais le paraître vrai, le langage qui fait semblant d’être vrai, la parole qui se donne l’apparence démocratique.] [Exiler l’âme…exiler l’esprit pour mieux -triste illusion- agir, du moins le croire. Découpler le politique et la morale pour mieux inventer le pragmatisme alors qu’on prépare sa fin.] [ La parrèsia est donc, en duex mots, le courage de la vérité chez celui qui parle et prend le risque de dire, en dépit de tout, toute la vérité qu’il pense, mais c’est aussi le courage de l’interlocuteur qui accepte de recevoir comme vraie la vérité blessante qu’il entend. ]

[L’enjeu démocratique pourrait alors se définir comme le régime institutionnalisant entre les individus non pas des liens de pouvoir qui contraignent sans réciproque, mais cette exigence éthique, parrèsiastique.] [Et là tout se différencie par rapport aux discours des hommes politiques actuels, qui adaptent et varient leurs propos en fonction de leur auditoire, en ne les indexant à aucune vérité, si ce n’est celle de l’instant et de la cible à convaincre ou à séduire, ne s’obligeant à rien mais vociférant, au contraire, des paroles qui décrédibilisent l’ordre nécessaire de la promesse…]

[ Rénover l’espace politique démocratique passera nécessairement par la confrontation avec le dire vrai : une politique adulte ne peut manquer à l’avenir d’être également une épistémologie du courage.]

[…manquer de courage, c’est capituler devant le déshonneur des élites et la défiance qu’il entérine. Les sociétés de défiances sont des sociétés du déshonneur. Et c’est pourquoi, tel Albert Camus, il faut déclarer : Nous ne sommes pas des hommes de haine. Mais il faut bien que nous soyons des hommes de justice.]

Le moment du courage se décide seul, souvent un moment de refus, mais il se développe collectivement et pour l’intérêt général ; bonne lecture, bonnes réflexions…

Philippe FINTONI

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La démocratie, un projet humaniste.

logo-pdeDeux évènements notables dans l’avancée des démocrates vers une société humaniste ont eu lieu à Rome et Bruxelle. Vendredi 1 octobre s’est tenue à Rome, la conférence de haut-niveau de l’Alliance des Démocrates sur le thème « Sécurité, développement, démocratie ». Des dirigeants politiques de la mouvance démocrate de cinq continents, 45 pays étaient représentés : du Premier Ministre japonais Naoto Kan, au Président du gouvernement régional du Kurdistan Massoud Barzani en passant par l’ancien chef d’Etat-major israélien Dani Haloutz et par le chef du Conseil national de Sécurité d’Afghanistan Rangeen Dafdar Spanta. François Bayrou était accompagné d’une délégation du Mouvement Démocrate composée de Marielle de Sarnez, Bernard Lehideux et Yann Wehrling.

Yannick Laude détaille sur son blog ce qui suit. Clôturant les travaux, François Bayrou, président du Parti Démocrate européen, s’est appuyé sur les nombreux témoignages faisant état de la situation contrastée de la démocratie sur la planète pour conceptualiser les quatre phases de la démocratie dont l’aboutissement est le projet humaniste. « La démocratie, ce n’est pas une forme, c’est un projet ! », a-t-il déclaré.

Pour lui, la première phase est celle de la « démocratie de nécessité ». « Celle qui consiste à d’abord vivre, d’abord se nourrir, d’abord acquérir l’autosuffisance ».Puis vient « la démocratie de liberté ». « Se donner les moyens de vivre autrement, de mettre en place des institutions, l’Etat de droits, la liberté d’information et la reconnaissance de pluralisme ». « La démocratie de souveraineté » intervient alors qui « permet à un peuple d’avoir la garantie de sécurité et de participer à la définition de son propre destin pour faire face aux problèmes globaux.

« De la gouvernance mondiale face à ces problèmes globaux, pour le moment, nous n’avons pas la clef ».Enfin, vient le temps de « la démocratie du développement humain ». « L’organisation sociale qui vise à porter à leur maximum la conscience et la responsabilité des citoyens. Ce développement humain est le chemin le plus sûr vers le développement économique. C’est une libération, pas seulement parce que la liberté est fondamentale, mais parce que la liberté fait avancer le monde ».

Et fin septembre à Bruxelle, Sylvie Goulard, députée européenne du Mouvement Démocrate (circonscription de l’ouest) et chargée de l’Europe dans le Cabinet restreint (« shadow cabinet ») désigné par François Bayrou, a été récompensée du Prix du Député européen (« MEP Award ») dans la catégorie « Economie et Affaires monétaires ».

La sélection des lauréats est opérée par des professionnels et divers acteurs du secteur. La liste établie est alors soumise au vote des députés européens qui choisissent eux-mêmes le parlementaire à récompenser.

Pour Sylvie Goulard, « recevoir ce type de prix n’a jamais été pour moi une fin en soi. Mais j’apprécie cette reconnaissance de mon travail car, en un an, je n’ai pas ménagé ma peine pour remplir le mandat que les électeurs de l’Ouest m’ont confié. Les milieux économiques et financiers sont exigeants. Le paquet supervision était complexe et politiquement sensible. Surtout, je reçois avec joie cette preuve de confiance de mes collègues. D’autres parmi les rapporteurs du paquet supervision auraient largement mérité cette distinction. Elle m’encourage à travailler encore en équipe avec eux comme coordinateur du groupe ALDE et rapporteur du paquet « gouvernance économique ». La force du Parlement, c’est sa cohésion, par delà les différences de sensibilité et au-delà des succès personnels. »

Sylvie Goulard a été également désignée comme un des rapporteurs du paquet « gouvernance économique » au Parlement européen.
En effet, la Commission européenne a adopté le 29 septembre un ensemble de propositions législatives prévoyant le plus important renforcement de la gouvernance économique de l’UE et de la zone euro depuis le lancement de l’union économique et monétaire. La législation actuelle s’étant révélée insuffisante, l’objectif est d’élargir et d’améliorer la surveillance des politiques budgétaires, mais aussi celle des politiques macroéconomiques et des réformes structurelles. De nouveaux mécanismes de contrainte s’appliqueraient aux États membres qui ne respectent pas les règles. Le «semestre européen», dont le principe a été récemment adopté, intégrera tous les processus de surveillance, nouveaux et modifiés, dans un cadre global de politique économique.

Philippe FINTONI

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Politiquement, à quoi joue Europe Ecologie ?

4935156231_b28c8c9a3b_mC’est vrai, à quoi joue Europe Écologie en Pays de la Loire ? Car ils me semblent bien empêtrés avec le dossier de l’aéroport de Notre Dames des Landes (NDDL) et leur alliance avec le PS. Ils se sont posés en opposant principal du projet pendant la campagne des régionales tout en négociant une alliance avec le PS, qui est un des initiateurs, souvenez vous des propos de Jacques Auxiette en mars dernier :

« cela fait 20 ans que je suis pour ce projet, je ne vois pas pourquoi je changerai d’avis »

Dire qu’ils ont été trés naïf de penser bloquer le dossier en s’alliant avec le PS, serait impoli ? Et ne pas nous interroger sur leur stratégie serait pour le coup naïf de notre part. Je cherche une cohérence qui m’échappe puisque l’équation (EE-NDDL)+(PS+NDDL) = (Des élus EE et PS)+(NDDL).

Alors la dernière prise de position peut sembler n’être que de la communication pour un électorat peu attentif.  J’avais écrit un billet au moment de l’annonce du financement de l’aéroport, la gifle du PS à Europe Ecologie, peut-être, la déclaration de cette semaine est-elle une façon de bomber le torse mais qui n’impressionne pas vraiment l’allié socialiste ; avec les ténors locaux qui parlent de « sérénité » et disent « respecter scrupuleusement les accords signés entre les deux tours des élections régionales. Qui plus est, un camarade socialiste qui n’a pas dénié répondre aux propositions d’accords pour les cantonales…

Donc, sur le fond il y a de bonnes idées mais qui ne sont pas poussées jusqu’au bout, on dirait qu’Europe Ecologie à peur de franchir le cap de l’indépendance politique ? Ainsi proposent-ils de :

1- Voter contre la participation des collectivités locales (le 18 octobre aux Conseil Général, Régional et Nantes Métropole) au financement du projet, très bien.

2 -Ne pas participer en région au réunion de l’exécutif majoritaire, la ça fait peur au PS ! Et puis quand on est élu, faire grève sur une partie de son travail, je ne trouve pas cela très responsable et honnête vis-à-vis des électeurs-contribuables !

3 – Organiser un vote populaire (façons votation sur le statut de la Poste) sur le financement de projet est une bonne idée et je pense que tous les opposants à NDDL doivent s’y associer mais de nombreux points sont encore à éclaircir. Primo, le sujet précis de la question (sur le financement ou sur le projet dans sa globalité ?…) et la formulation de la question(c’est un métier chez les sondeurs). Secondo, avant chaque vote, un débat est nécessaire pour expliquer le sujet, ses enjeux, les arguments de chaque parties… Aura-t-on le temps d’organiser ce type de réunion, je l’espère, moi qui aspire à une démocratie débative et décisionnelle et non cette ersatz de démocratie participative (ce sera pour un autre billet).. Tertio, nos amis d’Europe Écologie ont-ils pensé aux conséquences du vote en fonction des résultats ? Car organiser un vote sur ce dossier qui était clairement annoncé dans le programme de la gauche au deuxième tour, c’est remettre en question la légitimité de vote du printemps, remettre en cause le programme, l’alliance ?

J’en reviens donc au point central, Europe Écologie est-il un mouvement politique indépendant ou l’allié à vie des socialistes, c’est-à-dire, à terme, son courant écolo ? Parce qu’à la lecture du manisfeste en cours, on sent des envies d’agir seul, de s’émanciper mais sans avoir réussi à sortir intellectuellement du clivage droite-gauche. Eux qui réclament de changer de paradigme, de société…n’arrivent pas à imaginer la pratique démocratique autrement que par les deux blocs, l’un contre l’autre.

Sommes nous voués, comme citoyens, à n’avoir le choix qu’entre deux options politiques, une option néo-conservatrice et une option archéo-socialiste ? Ou avons nous le droit, (le devoir) de considérer comme vital de proposer une option originale, autre, un projet démocrate, ou écolo-démocrate par exemple ?

Alors, osez, osons le pluralisme…c’est nécessaire.

Philippe FINTONI

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