Ce billet aurait pu s’intituler, pouvoirs et contre pouvoirs, à l’image de cette fameuse plénière des dernières UR*, mais mon propos questionne plus ce que sera demain, après demain, internet pour la démocratie ?
En introduction, cette vidéo récente décrit la rapidité de la révolution numérique en cours.
Internet ne permet pas seulement de communiquer davantage, mieux, plus vite ; il élargit formidablement l’espace public et transforme la nature même de la démocratie.
Cette affirmation grandement vérifiée est l’introduction du très instructif et pertinent livre de Dominique Cardon, la Démocratie Internet, promesses et limites (la République des idées – Seuil).
Je vous passe l’analyse de l’évolution du rôle et des pratiques internet pour vous retranscrire son analyse de la forme politique d’internet et les conclusions qu’il en tire.
Internet n’est pas ce grand bazar désorganisé vecteur du pire, c’est surtout l’émergence d’une auto-organisation à la fois horizontale et décentralisée. Basée sur les principes d’ouverture à tous, d’égalité des internautes, qui s’évaluent à partir de ce qu’ils font, produisent et disent et :
[…à travers leurs (les internautes) activités de citations mutuelles sur la Toile, ils rendent accessibles certaines informations et en dissimulent d’autres afin d’ordonner leur visibilité. En se contrôlant et en se critiquant mutuellement, ils prétendent faire vivre des collectifs de grande taille sans créer d’autorité centrale. En privilégiant le partage, ils mettent au cœur des collectifs les nouveaux biens communs numériques, qui produits par tous, n’appartiennent à personne.][ Internet a incorporé d’une manière particulièrement sensible cette idéalisation démocratique qui invite tout un chacun à mettre en œuvre ses compétences…][…cette injonction valorise, de façons très libérale, la responsabilité individuelle]
De la démocratie participative à la démocratie coopérative.
Il est un fait maintenant établit, les internautes débattent rarement à la demande d’autorités représentatives. Cette démocratie participative ne prend pas avec des citoyens qui choisissent dans quels « collectifs » ils interviennent et sur quel sujet. Ne voulant pas « entrer dans les débats chapeautés par des institutions officielles », ils s’organisent pour créer des zones d’expertises, de vigilances et de discussions « à côté » des instances officielles, quitte à s’y opposer au besoin. C’est le sens, par exemple, des revendications pour la libération des données publiques, Open Data, l’accès à l’information et la liberté de réagir ou non.
On le voit bien, Internet aujourd’hui, ce web 2.0, est porteur des valeurs et des attentes que nous partageons sur cette plateforme en particulier, ouverture sans préjugé, responsabilité individuelle, confiance et reconnaissance des compétences, vigilance, innovations, débats, recherche de consensus…
Le numérique est un des grands enjeux d’aujourd’hui, une grande révolution. L’accès à l’information rend la relation candidat/électeur différente. Les vecteurs de communications évoluent vites, la présidentielle à venir sera aussi concernée par cette mutation.
*Pour la franchise et la pertinence de l’intervention, Philippe Bilger,