Comme à chaque fois qu’il y a une affaire ou un sujet brulant pour le gouvernement, les consignes de communication délivrées aux ministres sont respectées, du bel ouvrage politicien. A l’UMP la communication est bien huilée mais les gens ne sont plus dupes. L’affaire Georges Tron qui détruit une bonne partie de l’avantage que reprenait L’UMP sur le PS en terme de donneur de leçon est traitée par les ministres selon un schéma de « com » classique. Ainsi sur France Inter dimanche soir, lundi matin et mardi matin, respectivement Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et François Baroin se succédaient pour tenir le même langage, la langue de bois. Aux questions des journalistes, ils disaient dans cet ordre : présomption d’innocence s’il vous plait, » le tribunal de l’opinion « c’est malsain, et aucun rapport entre Tron et Woerth pour le soutien ou pas de l’Elysée.
Donc, on peut se demander si la présomption d’innocence existe encore pour les politiques. dixit Xavier Bertrand sur France Inter.
Notre ministre du travail en appel à la présomption d’innocence. Il a raison, c’est un droit pour tous, la justice tranchera. Mais n’est-ce pas ce parti politique qui adore jouer sur les émotions à chaque fait divers, qui flirte (pour rester sobre) avec le populisme et son déversement de sentiments ? Et soudain, parce qu’un ami politique est visé (comme le PS avec DSK, c’est mon ami, ce n’est donc pas possible ») s’étonne ainsi du « tourbillon médiatique » autour de Georges Tron. Nos ministres oublient l’obligation d’exemplarité, d’éthique due à la fonction. Car si les mots sont contredits par les actes, pfuitt…la confiance s’éloigne.
Après le rappel de présomption d’innocence, après ce dégout des journalistes fouineurs de scoop, nos ministres récitaient la dernière phase du schéma de « com » face à la question : Georges Tron démissionne aprés 4 jours, poussé par l’Elysée ou pas (pour rappel, le samedi « je n’entends pas démissionner », le dimanche démission !) , alors qu’Eric Woerth avait reçu le soutien du président à l’époque ?
La réponse en deux temps : c’est sa décision personnelle, « en conscience » sans aucune pression de l’Elysée puis la deuxième phase : ce n’est pas comparable, « pas d’amalgame » entre Tron et Woerth. A l’écoute de Valérie Pécresse, on se dit qu’en tant que femme ,elle ajoute un degré de gravité aux violences et agressions sexuelles plus qu’aux détournements d’argents, et bien non, elle fait remarquer qu’Eric Woerth avait en charge la grande réforme des retraites et d’ajouter qu’elle « souhaite que Geoges Tron prouve son innocence ».
Le problème dans cette affaire c’est aussi la faveur apportée à la parole de G. Tron plus qu’à celle des plaignantes, et je partage l’analyse de Marielle de Sarnez sur ce point.
« la parole des femmes se libère, elles disent des choses qu’elles n’osaient pas dire auparavant, mais la parole de la victime est toujours mise en doute ». « Dès qu’un politique est attaqué, la classe politique essaye de faire corps : ce n’est pas un bon réflexe ! « On nie l’existence de la victime, on met en cause la parole de la femme. Nous devrions réfléchir à ce qui s’apparente au fond à un abus d’autorité et de pouvoir. Il s’agit chaque fois d’un homme en situation de pouvoir et d’une subordonnée. C’est alarmant sur la situation de notre société »
La « com » de l’UMP nie les évidences, tend à se substituer à la réalité, un discours rigide, stérile, continuer de duper les français. Langue de bois, proctection de caste, abus de pouvoir, tout une myriade de maux qui réduisent la confiance des citoyens dans la politique. Comme l’écrit Marie Anne Kraft, le contrat de confiance indispensable pour la France à un nom.
Philippe FINTONI