Peut-être remarquez-vous avec étonnement qu’au détour d’une conversation sur la probité, l’intégrité des responsables politiques impliqués dans une affaire, vos interlocuteurs trouvent des excuses, de la tolérance pour des faits avérés ? Pourquoi cette distorsion de jugement au delà des affinités politiques ? C’est que vous êtes entrés dans la zone grise de la démocratie telle que l’explique Pierre Lascombes dans son dernier livre, Une démocratie corruptible – Arrangements, favoritisme et conflits d’intérêts – (Chez Seuil, la République des idées).
Ainsi l’auteur nous détaille les trois phases chromatiques d’appréciations par les citoyens des différentes formes de « corruption », blanche, grise et noire.
Avant tout, comment s’explique cette échelle de tolérance ou de réprobation ? Parce que nous dit l’auteur :
« la culture civique française se caractérise par un écart entre, d’une part, de fortes références au légalisme et à la moralité publique et, de l’autre, une large tolérance à l’égard du favoritisme et de la recherche d’avantages individuels ».
L’appréciation personnelle de chaque affaire, varie selon la signification que nous donnons à des termes comme corruption, conflit d’intérêts, arrangement, abus de biens sociaux…, varie selon les cas aux justifications et excuses avancées pour qualifier la déviance et enfin, varie selon notre manière de se représenter la responsabilité politique.
Donc en fonction du type d’acteur impliqué, du type de faveur en cause ( individuelle, collective directe ou indirecte), du type de bénéficiaire (agent public, citoyen) et en fonction du montant de la faveur accordé, nos jugements diffèreront et s’établiront sur 3 zones.
- La zone blanche est pour la grande majorité de français un consensus de tolérance pour des actes jugées « peu graves ». Une sorte de bienveillance pour du petit favoritisme de proximité teintée de déni d’infraction à l’équité. Je tolère parce que je pourrais en profiter un jour…
- La zone grise est la zone de dissension, de débat, j’y reviens plus bas.
- La zone noire est la réprobation par la majorité d’actes de « corruptions d’élus ou de fonctionnaires, le détournement d’argent public, tromperie, mensonge et la défense d’intérêts économiques particuliers. »
Ainsi la zone grise dans notre démocratie est ce lieu trouble où s’équilibre les tolérances et réprobations des citoyens. Pierre Lascoumes décrypte à travers son étude les attitudes des français par rapport au favoritisme et à l’instumentalisation du politique, cela compose 4 groupes :
- Les dénonciateurs pessimistes, inquiets des corruptions et dérives très répandues. En recherche d’intégrité républicaine.
- Les tolérants optimistes sont eux confiants dans les institutions et ne pensent pas qu’il y ait beaucoup de corruptions, ils tolèrent le petit favoritisme mais sont méfiants envers la sphère économique et financière.
- Les pragmatiques inquiets sont curieux car ils acceptent passe-droit et favoritisme mais considèrent élevé le niveau d’atteinte à la probité politique. Ce sont les porteurs du message c’est mal mais c’est comme ça.
- Les réprobateurs réalistes, à la fois rgoristes et réalistes réprouvent ces pratiques illégales mais jugent que ces problèmes ne sont pas majeurs
Pour sortir de notre démocratie corruptive, de nouvelles règles sont à introduire ou à renforcer, Transparence France en propose, mais dans le triptyque élu décideur, solliciteur de corruption et citoyen, nous avons l’obligation de réduire la zone grise par nos actions vigilantes.
Philippe FINTONI
L’auteur préférerait la démocratie en zone orange. Orange comme le modem.
Les écologistes la verrait en vert. Vert comme l’écologie.
Le mélange des deux se situerait en zone marron.
Que de confusion sur la démocratie !
Elle est un système politique, pas un système moral, car elle n’a EN ELLE-MÊME, aucun contenu supérieur, contrairement à la République. Confondre démocratie et république est un des traits de caractère du boboïsme de droite qu’est la doctrine de M. Bayrou.
Encore loupé !