Dimanche 14 mars, en matinée, l’abstention se confirme en visitant les bureaux de votes de la commune, » peu de monde, pas de jeunes ». 18 heures, le dépouillement laisse présager un score difficile et finalement le 4,69 % dans ma commune est brutal. Direction Nantes pour une soirée des résultats, les colistiers sont là, réconfort de l’échange, mais chacun reste lucide et partage notre manque de lisibilité, le manque de clarté de notre positionnement. « L’humanisme comme projet, trop philosophique pour monsieur tout le monde » me dit un collègue, certainement difficile dans une société du spectacle comme la notre, à nous de trouver les mots justes. Point d’ancrage, tout le monde souhaite rapidement travailler à rendre le mouvement crédible comme alternative politique majeure et à ne pas tout attendre du siège.
Lundi 15 mars, nous n’aurons pas d’élus, toujours moins de visibilité, de la déception, fatigue, doute…En tout cas nous ne donnerons pas de consigne de vote pour le second tour (soyons humbles ) l’électeur est adulte et responsable.
Mardi 16 mars, la fin de l’éditorial de Marianne prolonge le sentiment que notre analyse est juste, que la vision d’avenir est bonne mais que notre stratégie est défaillante, confuse : « Pour le coup, on ne sera pas déçu. Morgue, mépris, violence intellectuelle…Ils vont le massacrer, François Bayrou, tous ces « professionnels de la profession » qui ont en sainte horreur la dissidence, la mise à bas des murs politiques traditionnels. Pour le coup, ils seront impitoyables. Ils disséqueront avec un plaisir quasi obscène les erreurs du chef centriste, et Dieu sait si elles sont nombreuses, caricaturales parfois. D’ailleurs, il y a quinze jours, Vanessa Schneider les avait racontées aux lecteurs de Marianne, ces bourdes, ces retournements stratégiques qui enfantent aujourd’hui un désastre électoral. Qu’on ne compte pas sur nous pour entrer dans ce jeux misérable d’étripage anti-Bayrou. Bayrou nous parle mieux de la France et de la République que …Martine Aubry. Bayrou analyse mieux, avec plus de pertinence, les véritables dangers induits par le sarkozysme que Ségolène Royal. Bayrou dénonce le capitalisme financier, sa domination, son retour en force avec davantage de force que Dominique Strauss-Kahn. Sachons aussi le reconnaitre. » Repartir, travailler, se remettre en cause, tous, à tous les niveaux, sur les propositions, sur la forme, la méthode, l’organisation…
C’est aussi l’annonce d’un accord quasi global à gauche, union de la droite au premier tour, union de la gauche au second, vive le pluralisme, vive le mode de scrutin. L’électeur qui ne se retrouve pas dans la droite et la gauche, qui n’est pas extrémiste, qui n’habite pas l’Aquitaine ( ou la liste Modem se maintient au deuxième tour) ou la Bretagne (la liste Europe Ecologie reste indépendante du PS), cet électeur s’abstiendra peut-être ou choisira par défaut.
Mercredi 17 mars, démission de Corinne Lepage du Modem, dommage, de l’intelligence en moins. En revanche, ses arguments manquent de cohérence car elle soutien les idées, la vision Modem, un centre indépendant, ni à droite, ni à gauche mais devant (son discours de septembre 2009) tout en regrettant la stratégie du tout « élection présidentielle ». Mais dans notre société en mutation, avec un mode de scrutin qui impose des alliances souvent contre nature, seule cette élection permet l’adhésion à un nouveau projet de société, c’est un choix structurel. De plus C. Lepage, écologiste de la première heure semble éblouie depuis un an par le score d’Europe Ecologie et semble oublier que bien qu’étant la troisième force politique en nombre d’électeurs, ils n’en restent pas moins foncièrement alliés du PS. Je regrette également qu’étant avocate, elle juge et applique dans son divorce d’avec F.Bayrou, 100 % des torts à ce dernier, nous savons tous que la vie et la réalité n’est pas si simpliste.
Jeudi 18 mars, les titres des journaux questionnent : Qui gagnera dimanche prochain, la droite ou la gauche ? Le système bipolaire dans sa plus belle représentation, déjà les infographies ne présentent plus que le logo du PS et de l’UMP, début de fin de vie sous le parti dominant pour les autres. Dans les déclarations des politiques, aucunes remises en cause par rapport à l’abstention massive, mais un appel à voter pour battre l’autre dans un sursaut républicain (sic), quelle magnifique motivation pour un électeur potentiel.
Vendredi 19 mars, dans ma boite aux lettres, l’enveloppe magique des professions de foi. Derniers jours, ducir le ton, promettre beaucoup, des bonnes inentions et un avenir radieux pour tous, un sentiment de déjà lu et de grande démagogie quand on à travaillé sur le programme du Modem, que l’on connait les dossiers, la situation régionale en Pays de la Loire. Surtout, un reviremment d’Europe Ecologie sur le projet de transfert de Notre Dames des Landes, nous le préssentions, nous l’annoncions, ils l’ont malheureusement fait, j’y reviendrai ; pour cette raison, ils perdent mon suffrage, je voterai nul.
Les instituts de sondages nous prédisent encore plus d’abstention, la gauche rassemblée gagnante dimanche, presque la routine en un peu plus exacerbée, alors qu’il faut réorganiser les éléments de notre société pour accoucher du monde de l’après crise, une vraie démocratie étant la condition de réussite.
Philippe FINTONI
Voter « nul » est intellectuellement satisfaisant mais « politiquement » c’est permettre au moins « bon » d’obtenir la place…
Je ne prendrai pas ce risque, je voterai pour le moins mauvais, le plus « supportable » (dans tous les sens du terme).
Mamouchka.