Pessimisme de la raison, optimisme de l’action.

C’est la période du bilan de l’année écoulée et des vœux pour celle à venir, je reste dans la tradition mais alors que la raison et les actualités nous entraineraient davantage vers le pessimisme,  conservons notre optimisme pour agir.

L’ Europe mérite toute notre attention en cette fin d’année 2010. Elle a été mise à mal, notamment au travers de sa monnaie. Défendre l’Europe et l’euro est une position politique essentielle. C’est aussi l’esprit originel de l’Europe qui doit être porté, à savoir la solidarité entre les Etats. Nous ne gagnerions rien à ne pas nous entraider. Regrettons que la Banque centrale européenne ne soit pas plus directement le prêteur des Etats en difficultés, ces derniers étant soumis aux intérêts élevés demandés par les banques.

Mais l’entraide implique aussi un juste partage de règles du jeu communes en matière fiscales et économiques. A ce titre, il est dommage que l’Irlande ne se soit pas vu imposer un rapprochement de son régime fiscal aux entreprises de celui pratiqué en moyenne dans les autres Etats de l’Union. Regrettons que la reprise économique n’ait pas plus été portée à l’échelle européenne avec un plan d’investissement européen dans des outils de production visant à relocaliser de l’emploi sur notre continent. Regrettons enfin que pour cela, le choix d’un emprunt européen (ou euros-oligations) n’ait pas été retenu par l’Union.

2010 peut aussi être qualifié d’annus horribilis pour les générations futures :

Nous léguons une dette colossale à nos enfants en toute irresponsabilité (cette année 2010 aura été marquée par le fait que pour la première fois la dette représente le premier poste du budget de l’Etat, marquée aussi par le transfert de la dette de l’assurance maladie à nos enfants, et, comme tout le monde le sait, nous n’avons pas assuré leur retraite à nos enfants).

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Dette environnementale également avec le lancement d’un semblant de concertation sur les énergies renouvelables qui ont été gelée :

– Semblant de concertation car contrairement à ce que préconisait le Grenelle, la concertation ne précède pas la décision, mais la décision précède la concertation… comme autrefois dans la bonne vieille tradition française.

– Sur le fond, alors que le gouvernement avait objectivement bien démarré le chantier environnemental avec le Grenelle de l’environnement qui a permis des avancée comme jamais notre pays n’en avait connue, l’année 2010 aura été marquée par une succession de reculs dont le principal restera l’abandon de la taxe carbone. Cet abandon permettant assez hypocritement au ministère de l’économie de pointer le déséquilibre financier du Grenelle.

– Nous venons donc d’assister au nouvel acte de normalisation de la politique énergétique française avec l’abandon, de fait, de l’ambition française en faveur des énergies renouvelables. Ceci a commencé par une campagne de dénigrement savamment orchestrée contre le photovoltaïque et l’éolien, il se consolide par une montagne de procédures règlementaires visant à permettre de poser chaque jour de nouveaux obstacles au développement du renouvelable.

– Or l’enjeu du renouvelable européen est fondamental pour les années à venir. Si nous passons à côté de cela au motif que nous pourrions penser que toute la solution est dans la perspective d’une mono-énergie nationale, nous ferions une grave erreur industrielle, commerciale et économique.

– Le moratoire sur la rémunération de la production d’énergie éolienne est une illustration exemplaire des effets économiques d’une forme d’instabilité juridique. Autrement dit, par ce moratoire, ce sont de très nombreuses entreprises qui sont mises en péril, les équilibres de plans de financement de collectivités territoriales bouleversés, les investissements compromis ….On ne gère pas l’économie par décrets, ou alors on tient sa parole et on se dégage prudemment, et avec préavis fixé d’emblée ( cf prime à la casse)

Yann Werhling proposait avec 7 autres signataires dans une tribune publiée sur le site de Terra éco : la transparence des coûts de toutes les énergies, la transparence sur le nombre et les caractéristiques des projets, et l’anticipation avec un cadre juridique stable, clair et durable.

– Et face à tout cela, ceux dont on voudrait espérer une mobilisation au moins aussi énergique que celles qu’ils ont su développer pour glaner des voix aux européennes et aux régionales, parlent de leurs prochaines échéances électorales, d’eux-mêmes et encore d’eux-mêmes. Il serait plus qu’urgent que le monde associatif environnemental reprenne quelqu’ indépendance vis-à-vis de l’action politique afin qu’on les entende à nouveau aussi fortement qu’on les avait entendu pendant le Grenelle dont ils sont en grande partie les artisans.

Enfin, pour finir sur ce bref bilan de l’année, ajoutons que la République irréprochable de Nicolas Sarkozy nous semble bien lointaine :

– L’année 2010 a abonné l’Etat aux rubriques judiciaires (affaire Woerth Bettencourt, Clearstream, …) avec, in fine, un ministre qui reste ministre alors qu’il essuie deux condamnations devant les tribunaux. Du favoritisme avec les nominations au conseil économique est social. On entendait également parler d’égalité de traitement. Que de désillusion pour ceux qui y ont cru : bouclier fiscal, constat aujourd’hui que les entreprises du CAC40 paient moins d’impôts, de fait, que les PME, PMI… preuve s’il en est que le pouvoir en place n’est pas celui des PME et des PMI.

– Et, last but not least, les conflits d’intérêts des parlementaires mis à mal par l’amendement de l’UMP visant à « dépénaliser » les parlementaires qui auraient menti sur leurs déclarations de patrimoines et de revenus. L’amendement, certes réaménager, est un mauvais signe quant à la détermination affichée de tirer au clair les situations de conflits d’intérêts dans le milieu politique; il est même le signe d’une certaine fébrilité.

C’est d’espoir crédible dont nous avons besoin.  Un nouveau projet, ni à droite, ni à gauche  mais un projet qui va de l’avant dans l’intérêt général. L’espoir crédible c’est aussi faire de la politique autrement et en finir avec les promesses sans fins, les illusions permanentes. Face aux crise multiples, face aux problèmes globaux, nos réponses et les solutions sont aussi locales. Les prochaines élections seront l’occasion de traiter des sujets sensibles de nos vies quotidiennes et c’est comme citoyen engagé, libre et indépendant du système en place que je vous proposerai ce projet.

En attendant, passez de bonnes fêtes de fin d’année

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2 réponses à Pessimisme de la raison, optimisme de l’action.

  1. piveteau dit :

    Voici ce que j’écris à tous les candidats aux cantonales du secteur sud-estuaire. Je constate avec beaucoup de plaisir que vous vous préoccupez de ce qui me préoccupe aussi… Vous parlez un peu moins des risques industriels encourus par les habitants du canton…

    Mesdames, Messieurs les candidats aux élections cantonales,

    L’être humain est sacrifié sur l’autel des intérêts économiques et financiers …. la catastrophe qui touche actuellement le Japon met en évidence la relative légèreté avec laquelle est prise en compte la sécurité des riverains et de l’environnement et, malheureusement, l’impuissance de l’homme face à des risques mal -ou sous- appréhendés.

    Ici, grâce à Dieu -et grâce à notre mobilisation d’il y a plusieurs années- pas de centrale nucléaire…. Quoi qu’il en soit, nous, habitants du canton, sommes aussi concernés par des risques majeurs : risques naturels (proximité estuaire) et risques industriels…. avec des pics de pollutions récurrents…

    Lors de l’incendie du chimiquier à MONTOIR de BRETAGNE, il y a une dizaine d’années, aucune mesure digne de ce nom n’avait été prise : aucun avertissement de la part de qui que ce soit ! Même pas un banal mégaphone pour nous inviter à rester dans nos maisons. Nombreux sont ceux qui ont -comme nous- appris l’évènement par un appel téléphonique d’amis lointains qui avaient capté l’information alors que nous étions dans l’ignorance la plus totale de ce qui se passait ! Pour rentrer à la maison, aucune information, ou des informations contradictoires, pont fermé, isolement, panique… Bref, le DESORDRE TOTAL !

    Suite à cet évènement, nous avons tous été rendus destinataires d’un document intitulé « Dossier de dispositif de sécurité à observer en cas de catastrophe industrielle ou naturelle »… Simple formalité, sans doute, pour la bonne conscience de certains fonctionnaires, puisque les nouveaux arrivants ne sont même pas dotés de ce document !!! Sur ce document ne figure même pas un numéro de téléphone valable à appeler en cas de problème… Ceux qui y figurent nous amènent sur des services qui n’existent plus ou sur des services incompétents. Alors, on est baladé de service en service… La DRIRE nous a même renvoyé sur l’Ecole des Mines !!!

    Que lit-on dans ce document ? Que, par exemple, la Commune de CORSEPT ne dispose pas sur son territoire d’installation industrielle relevant du risque industriel majeur -c’est absolument vrai- et qu’elle n’est, de ce fait, pas concernée…. entre autres absurdités … !!! Pour information, la commune de CORSEPT, située en bordure de Loire, n’est pas à l’abri d’inondations, de tempêtes, etc… De plus, elle est située en face de nombreuses installations de type SEVESO….

    Régulièrement, nous sommes soumis à des pics de pollution : marées noires, toxicité dûe à des incendies, fortes odeurs de gaz, yeux qui piquent, fumées suspectes, etc… Régulièrement, nous les signalons…. : Mairie, DRIRE, Préfecture, TOTAL… Les faits sont confirmés. Combien de temps fermera t on les eux ? Faudra-t-il un accident majeur type AZF pour que l’on prenne enfin au sérieux les risques encourus par la population ?

    Puisse la catastrophe japonaise vous conduire, si vous êtes élus, à recadrer votre modèle de développement et vos choix énergétiques… Puisse t elle aussi que vous fassiez en sorte que la sécurité des populations prime sur l’intérêt économique.

    Face à des technologies aux impacts lourds sur les hommes et leur environnement, que ce soit le nucléaire avec son lot d’accidents et de déchets, ou les énergies fossiles largement responsables du changement climatique, l’option la plus immédiate demeure en la réduction des consommations d’énergie. Combien de catastrophes écologiques, sociales, environnementales, combien de catastrophes humaines, devrons-nous encore subir avant d’entamer une mutation énergétique mondiale?

    Lors du Grenelle de l’Environnement, les ONG avaient accepté de ne pas discuter du nucléaire à la condition qu’ait lieu un grand débat sur la production et la consommation d’énergie en France (nucléaire, énergies fossiles, renouvelables). Ce débat n’a jamais eu lieu.

    Vous présentez votre candidature aux élections cantonales.
    Il est important que vous nous fassiez connaitre votre position à ce sujet. L’Allemagne l’a bien fait au plus niveau. Alors ?

    Marie Piveteau
    L’Espérance – 44560 CORSEPT

  2. Mamouchka dit :

    Autre litanie des « regrets » :
    Regrettons que nous n’ayons pas de gouvernement fédéral qui tienne les Etats dans une règle commune librement consentie (et nécessaire pour aborder à force égale les autres « blocs » : Amérique, Asie)
    Regrettons que les budgets des Etats nationaux soient « arrangés » (à la mode Grecque, façon secret de Polichinel si j’en crois les articles de journaux)
    Regrettons que l’arrêt de l’éolien et du photovoltaïque soit dû au manque de production nationale (des terres rares, des cellules photovoltaïques …) entrainant un flux commercial défavorable à notre commerce extérieur (et la balance du même nom), sans oublier les subventions versées par nos finances publiques à des fabricants étrangers…

    J’attends avec impatience vos propositions.

    Meilleurs voeux pour 2011.
    Mamouchka.

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