Un sujet incontournable pour notre avenir devra être débattu lors de la prochaine campagne, le vivre ensemble. Car pour sortir de la crise économique, nous devrons retrouver une véritable cohésion sociale, élément clé de la performance d’un pays, d’un groupe. Articulé autour d’un projet qui donne du sens à chacun, le vivre ensemble c’est partager un effort commun juste.
Le vivre ensemble, sujet crucial parce qui est mis à mal depuis des années.
Avant de trouver des solutions pour renouer les fils entre nos aspirations individualistes et le partage d’un projet et d’un avenir commun, voici un état des lieux d’une société qui se fragmente.
Un rapport du Credoc toujours d’actualité, même s’il date de 2009 « Conditions de Vie et Aspirations des Français » présente le degré de préoccupation de l’opinion vis-à-vis de la pauvreté, des discriminations, de l’insécurité, des quartiers dits « sensibles », des inégalités de revenus…Ce dossier apporte aussi un éclairage complémentaire sur le regard que nous portons sur les quartiers « sensibles » et sur les discriminations, c’est en partie déterminé par nos valeurs et notre vision du monde.
Les quartiers dits « sensibles » ne laissent pas l’opinion publique indifférente puisque 84 % des sondés se disent préoccupées. Des éléments sont jugés positifs comme le fait de penser qu’il y existe une forte solidarité entre les habitants, que les associations y sont nombreuses et dynamiques qu’on peut y trouver de nombreuses opportunités pour monter des projets.
Mais les points négatifs sont ancrés, chômage et délinquance dominent dans la perception et 9 personnes sur 10 pensent qu’il faudrait y améliorer le cadre de vie via des espaces verts, équipements sportifs…
Révélateur du découplage entre réalité et perception, une majorité considère que la situation s’est dégradée ces dernières années dans les quartiers difficiles. Majorité composée par les seniors, les ruraux, les personnes au foyer, et les non-diplômés, des catégories sociales qui déclarent elles-mêmes ne jamais aller dans ces quartiers, et qui disent également ne pas connaître de proches qui y résident. A l’inverse, les habitants de ces quartiers sont plus mesurés et moins sévères sur la situation.
Le point de rassemblement est l’attente d’intervention de l’Etat pour améliorer cette situation en facilitant l’égalité des chances entre ces quartiers et le reste du pays. L’éducation et l’aide aux enfants en difficultés est plébiscité, l’orientation et l’insertion professionnelle également.
l’Etat doit donc s’appuyer sur les habitants, les associations, les médiateurs sociaux considérés comme les plus compétents pour améliorer la situation. La présence de vrais services publics est demandée, une police de proximité pour la prévention et des actions répressives adéquates sont attendues mais la solution réside dans la création d’emplois et d’aides aux entreprises.
88% de la population préoccupés par les discriminations.
Le lieu où l’on réside est déjà un marqueur de différenciation sociale. Une majorité pense que les discriminations dans l’accès à l’emploi et au logement sont très fortes. En outre l’enquête montre que les jeunes sont davantage sensibles aux discriminations selon la couleur de la peau et selon l’orientation sexuelle. Les plus âgés sont davantage mobilisés par l’ostracisme à l’égard des personnes en situation de handicap.
La lutte contre ces discriminations qui heurtent globalement l’opinion, passe par l’Etat qui doit agir dans le secteur de l’emploi, du logement et de l’école, à travers son rôle éducatif et lieu propice pour combattre les préjugés.
Cette enquête comme je le disais en introduction, apporte un éclairage en ajoutant aux facteurs socio-démographiques (Age, revenu, position sociale, éducation…) le système de valeurs partagées par chaque groupe social. Un mapping est né en établissant un premier axe satisfait/Insatisfait de sa condition de vie personnelle et un second axe, qui oppose moderniste/traditionnaliste sur les sujets de société (famille, mœurs, progrès…)
Je vous laisse découvrir à travers les graphiques, les valeurs et jugements des principaux groupes de populations identifiés dans cette enquête.
Lutter contre les discriminations c’est rejoindre l’idée de justice et d’égalité des chances. C’est donc se préoccuper du rôle social des institutions privées et publiques, de les réguler, de les corriger pour sortir de la société d’inégalités qui, sous l’impact durable de la crise, avive les sentiments d’injustices.
Comment vivre ensemble ?
Comment concilier nos aspirations individuelles et la vie en société ? Qu’est-ce qui nous rapproche et qu’est-ce qui fera nous sentir égaux dans la société tout en cultivant nos différences ? C’est ce vaste chantier qui s’ouvre à nous, redéfinir le vivre ensemble.