Un ami nous a fait suivre les conclusions de la journée de réflexion du club Harmonie, sur le thème au combien important, « Citoyenneté, Politique et Engagement ». En synthèse, le club souhaite que se constitue une force citoyenne capable d’influencer les partis en place et les politiques publiques avec notamment en projet :
- la volonté de créer et mettre en place une agence de presse indépendante,
- de constituer un groupe de pression et/ou de soutien aux candidats dans les partis politiques qui défendent les valeurs de l’action citoyenne.
Ce qui me gène dans cette mode du « groupe citoyen » ou de l’appel des politiques (et nous n’échappons pas à cette mode) à la société civile c’est que l’on se trompe de combat.
La politique c’est la vie.
Cette attitude, cette tendance « société civile » émerge parce que la notion de « politique » est vidée de son sens noble, elle est dévaluée et donc rejetée par une grande partie de gens. Il n’y a qu’à observer le niveau d’abstentions à chaque élection ou la surprise, l’incompréhension voire l’inquiétude des personnes à qui l’on annonce qu’on fait de la politique.
Intégrer des personnes issues de la société civile pour redorer les lustres de la politique, du politique c’est implicitement reconnaitre une scission, une frontière entre la politique et la vie de tous les jours, alors que c’est contre ce sentiment, cette pensée qu’il faut lutter. Et je pose la question (idiote ?), quel est le statut de l’homme ou de la femme de la société civile une fois engagé en politique ?
Traiter le problème à la racine.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui a mauvaise réputation et quelques uns des dirigeants et cadres également. Les dirigeants peuvent faire appel à des consultants extérieurs qui proposeront des pistes d’améliorations. Admettons maintenant que ces derniers soient embauchés, ils deviennent de fait des employés de l’entreprise, leurs statut à changer mais l’image de l’entreprise ? Elle s’améliorera avec le temps si les pratiques de tous évoluent positivement.
Il faut donc redonner une image respectable de l’engagement politique par des pratiques différentes, de la cohérence, la fin des promesses non tenues, le parler vrai…est retrouver une relation de confiance. C’est la responsabilité de tous, du conseiller municipal jusqu’en haut de l’Etat. C’est aussi en apportant dans notre démocratie davantage de pluralisme pour de véritables débats et décisions collectives que les gens reviendrons à la politique.Il nous faut arriver pratiquement à la définition d’Amartya Sen, la démocratie est le gouvernement par la discussion.
C’est tout le sens donné au lancement du Mouvement Démocrate il y a 3 ans au Zéntih (au sens propre comme au figuré ! ).
C’est un mouvement pour construire un nouveau monde, une démocratie nouvelle. C’est un mouvement tout entier tourné vers la responsabilité du citoyen, vers la responsabilité active du citoyen actif. Le citoyen n’est pas un consommateur. C’est un producteur, d’idées, de convictions, d’engagement, de solidarité.
Cette vague d’adhésion veut dire d’abord qu’il y a au sein de notre peuple une immense attente. C’est une attente de citoyens conscients, que l’on n’est pas allé chercher, qui sont venus librement. C’est une attente d’engagement, dans un mouvement dont ils attendent qu’il rénove et qu’il refonde les comportements politiques. C’est une attente civique et c’est une attente morale. Ces dizaines de milliers de femmes et d’hommes, généralement de jeunes actifs, ils ne viennent pas pour des avantages : ils ne viennent pas pour recevoir, ils viennent pour donner !
Pour conclure, deux citations, celle de Sen et celle qui inspire mon blog :
« La liberté démocratique peut surement servir à renforcer la justice sociale et à rendre la politique meilleure et plus équitable. Mais ce processus n’a rien d’automatique : il exige le militantisme de citoyens politiquement engagés. »
« Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupera de vous tout de même ». Alors, autant agir.
Philippe FINTONI
La question se pose également pour les militants qui ont des idées mais … subissent l’obstruction des instances.
Mamouchka.